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Interview | StopCOVID19 : Non au Tracking !

Jean-Frédéric Poisson : «Les périodes de crise sont malheureusement propices au renforcement des systèmes de contrôle».

Projets de traçage (tracking), d’application contre le Covid-19, restrictions de la liberté de déplacement, etc. Une chose est certaine : le confinement empiète gravement sur les libertés individuelles. Pour Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, l’heure est à la vigilance.

 

Intervention de 0’00 à 4’11

L’application en question est au cœur des critiques. Que vont devenir les données ? N’est-ce pas la porte ouverte au flicage de masse tel qu’il existe en Chine ?
Notre détermination à lutter contre l‘épidémie doit-elle se faire au détriment de nos libertés ?

C’est une opposition formelle à l’installation et à l’exploitation d’une application de cette nature.
Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, nous sommes dans un contexte de crise majeure. Dans ce contexte de crise majeure, on constate de manière habituelle un rabotage des libertés fondamentales et la mise en place de mécanismes de surveillance pour se prémunir d’un certain nombre de dangers ou de menaces. Elles ont toujours le même point d’aboutissement. Une restriction de nos libertés et des protections qui sont accordées à nos droits fondamentaux.
Il s’agit d’installer des applications sur les téléphones portables. Elles permettront de surveiller nos déplacements, de comprendre avec qui nous sommes entrés en relation ou tout simplement en proximité géographique. C’est aussi la possibilité de récupérer au passage beaucoup de nos données personnelles absolument pas protégées par aucune protection électronique.
Si l’intention peut paraître louable, celle de contrecarrer une progression éventuelle de l’épidémie de coronavirus l’arrière-plan est beaucoup plus inquiétant. Derrière cette application se dessine le marché absolument faramineux du croisement entre les données personnelles de santé et la possibilité pour un certain nombre d’opérateurs de vendre des médicaments, des prestations de santé et des applications nouvelles…
Ils ont la perspective d’utiliser ces applications à d’autres fins que celles de la protection de notre santé. Une fois que cette mécanique est installée, elle peut servir à beaucoup d’autres choses que de nous protéger essentiellement contre la progression de cette épidémie. On peut imaginer : le comportement alimentaire, la fraude fiscale, les aides de tout genre, les achats aux supermarchés. Une fois qu’on a accès par ce biais à nos données personnelles non protégées, il y aura des marchés extrêmement juteux. Les spécialistes chiffrent ces marchés en milliard de dollars dans les décennies à venir.
Tout cela intéresse donc les opérateurs. Les institutions publiques françaises ne font pas le travail qu’elles devraient. Le Conseil d’État, le Conseil constitutionnel et la Commission nationale informatique et liberté ont rendu des avis extrêmement souples sur cette perspective inquiétante. Ne mettons pas un pied de plus dans la démarche infernale. Elle consiste à faire de chacun d’entre nous, une marchandise que l’on peut vendre par appartement par l’intermédiaire de nos données personnelles qui seraient accessibles par cette application et à peu près tous ceux qui en auraient besoin.
La perspective qui est donnée comme rassurante pour nous expliquer que ce seraient des opérateurs européens qui récupéreraient ces applications et qui en assureraient la gestion, n’est pas exactement compatible avec les accords passés par l’État français avec la société Microsoft ou d’autres sociétés américaines. Nous sommes assez largement prisonniers d’entreprises américaines sur ce qui concerne nos données personnelles. Il y aurait-là un pas de plus dans un abandon de notre souveraineté extrêmement dangereux.

Retrouvez l’intégralité de l’interview ici sur Boulevard Voltaire.